Tempête Alex et épisode méditerranéen
Les pluies extrêmes qui ont frappé vendredi les Alpes-Maritimes s'expliquent par la conjonction de deux phénomènes météorologiques distincts, mais indirectement liés. Explications. Depuis le week-end dernier, dans certains médias, les intempéries records qui ont arrosé vendredi l'arrière-pays niçois, provoquant au moins quatre décès et d'énormes dégâts, sont présentées comme liées au passage de la tempête Alex. Pourtant, dans les faits, Alex n'est jamais parvenue jusqu'au sud-est du pays. Sans cette tempête sur la Bretagne, toutefois, la région niçoise n'aurait vraisemblablement pas été victime d'un épisode méditerranéen aussi violent. Voici comment se sont déroulés les événements. |
Une tempête explosive !
Tout débute jeudi. Annoncée depuis plusieurs jours, la tempête Alex est bien au rendez-vous dans le ciel breton. Dans la nuit de jeudi à vendredi, les vents soufflent fort, une rafale atteint même 186 km/h à Belle-Ile-en-Mer. "C’était une tempête explosive, avec une baisse de pression très importante en peu de temps, ce qu’on appelle une 'bombe météorologique'", raconte Christelle Robert, prévisionniste à Météo France. Elle s’est creusée très rapidement et a frappé la Bretagne. Elle a eu un parcours particulier, en stagnant. Après son arrivée par le Morbihan, elle est d’abord remontée vers la Manche, pour après revenir vers le sud, sur la pointe Finistère." Ensuite, Alex "s’est enfoncée vers le littoral Vendéen, puis jusqu’au littoral nord-aquitain." En fin de course, la tempête "s’est ensuite diluée dans la nuit de vendredi à samedi dans le centre-ouest de la France, et n'a donc jamais atteint le sud-est. |
Alerte à l'épisode méditerranéen |
Épisode méditerranéen
Entre jeudi et vendredi, pendant qu'Alex martyrisait la Bretagne, un mauvais temps n'ayant rien à voir avec la tempête sévissait déjà dans le Sud-Est : Il y avait déjà une instabilité dans la région, avec notamment des orages, et ce n’était pas lié à Alex, assure Christelle Robert. Autour de la dépression Alex, les vents ont tourné dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, entraînant, de l'autre côté de la France, une remontée d'air chaud depuis le sud jusqu'à la région niçoise. Là, toutes les conditions étaient réunies pour générer un fort épisode méditerranéen, un phénomène qui "se produit de façon privilégiée en automne, moment où la mer est la plus chaude, ce qui favorise une forte évaporation, explique Météo France . |
Une concomitance rare
Avec les mouvements d’air commandés par Alex, il y a eu un fort contraste de température au-dessus de la Méditerranée vendredi matin, ce qui a créé des ascendances qui permettent à l’eau de se condenser et de provoquer ensuite des perturbations, reprend Christelle Robert. Comme la tempête Alex a longtemps stagné, cela a entraîné le côté stationnaire de l’épisode méditerranéen. Résultat : des quantités records d'eau sont tombées pendant plusieurs heures sur les Alpes-Maritimes, jusqu'à 500 mm par endroits. Si ce n'est donc pas Alex qui a directement frappé les Alpes-Maritimes, ses caractéristiques ont assurément influé sur la mise en place d'une configuration météo dévastatrice autour de Nice. S’il n’y avait pas eu la dépression qui a piloté la perturbation en Bretagne, un épisode méditerranéen de ce type n’aurait pas pu se produire, résume Christelle Robert. Au terme de ce double événement météorologique, le fait notable est surtout la concomitance des deux phénomènes. Selon Météo France, Alex était ainsi remarquable par sa précocité, la plupart des tempêtes étant habituellement observées au cœur de l’hiver. Depuis 1981, en France, seules 18 tempêtes ont touché le pays en octobre, et aucune majeure avant le 15 octobre. Une rareté qui, associée à un épisode méditerranéen classique en cette saison, a conduit à un événement extrême. |
Un bilan humain et matériel désastreux
Le bilan est très lourd et les dégâts sont exceptionnels : 12 morts, 8 personnes disparues dans les Alpes-Maritimes. Dans les 70 communes des Alpes-Maritimes classées en état de catastrophe naturelle, on dénombre 480 bâtiments gravement endommagés ou détruits, une centaine de kilomètres de routes emportées et une cinquantaine d’ouvrages d’art (ponts…) impactés ou détruits, notamment dans les vallées de la Vésubie, de la Tinée et de la Roya1. Le vendredi en début de soirée, le Pont de la Manda, situé à Carros, ainsi que le Pont Charles-Albert, situé à Gilette, principaux ouvrages d'art permettant de traverser le fleuve Var, sont fermés par précautions, leurs structures menaçant de céder sous la violence du courant du fleuve. La Zone Industrielle de Carros-Le Broc est évacuée, construite dans le lit même du fleuve Var, les autorités craignent la destruction des digues de protection. Il tombe 571 millimètres d'eau en 24 heures à Mons dans le Var1 ainsi que 500,2 millimètres en 24 heures à Saint-Martin-Vésubie situé dans l'ancien Comté de Nice au pied du massif du Mercantour10. Des rumeurs font état d’une brèche dans le barrage du Boréon, situé en amont du village de Saint-Martin-Vésubie16. Elles sont démenties par le gestionnaire EDF. En revanche, les usines hydroélectriques de Roquebillière et de Breil-sur-Roya sont endommagées. Le Clos Joli à Saint-Martin-Vésubie emporté par la tempête. Le parc Alpha, situé également au Boréon, est en grande partie détruit. Trois loups sont retrouvés vivants au sein du parc; un Loup Blanc est retrouvé mort; le reste des meutes, des Loups Blancs et des Loups Noirs du Canada, ont disparu. |